Une nouvelle mission. [Pv Gabriella LAWFORD]

Messages : 12 Date d'inscription : 03/04/2011

La vie n'est qu'un éternel recommencement.

Bip... Bip... Bip...
J'avais encore le son impitoyable de cette machine en tête. La médecine pouvait être en perpétuelle évolution, cela ne changeait pas la donne, nous étions loin de la perfection. On prétendait pourtant s'en approcher chaque jour, mais la vérité ne me semblait pas aussi simple. Il était vrai qu'avec les mécagreffes, la chair et les os ne semblaient plus si importants, mais pouvait-on réellement vivre plus grace à tout cela ? J'en doutais parfois, même si toutes les sortes de greffes avaient évoluées, il nous restait toujours l'apparence, l'humanité. Aussi, il me semblait que les personnes différentes étaient toujours mal considérées, est-ce que bientôt la différence sera de n'être que chair, os et sang ? Aura-t-on encore besoin de cette enveloppe, ou finirons-nous par devenir des machines, comme ces robots qui peuplent de plus en plus nos villes ? J'aimerais vivre assez longtemps pour voir ce futur incertain.
En attendant, j'avais encore sauvé la vie d'un riche inconscient et je n'en tirais aucune gloire personnelle. Être traité un héros, quand on ne faisait rien de plus que son job, était parfois déroutant, même si au final, j'y étais surement trop habitué pour en avoir quelque chose à faire maintenant. Aussi étonnant que cela puisse paraître, je ne me sentais jamais aussi bien que lorsque je rentrais chez moi, que je retrouvais ma chambre à l'étage après avoir pris soin que tout soit verrouillé, sous surveillance. Des actions banales pour moi, incroyables pour tous les « petites gens » qui se trouvaient sur notre bonne vieille planète. J'eus un sourire à cette pensée, avant de m'écrouler sur mon lit, toujours vêtu de ma blouse tachetée, on était loin de l'idéal que j'essayais d'incarner. Tant pis, personne ne saurait.

Un réveil douloureux.
Comme s'il avait pu en être autrement, cette vie me tuait, et si cela n'avait rien de paradoxal, cela n'en était pas moins déplaisant. Je grognais un instant alors que les stores s'ouvraient au soleil, dont les rayons perçaient à la fois les fenêtres et mon âme : il n'était plus l'heure de rêver mais de participer à la course. Rêver était évidemment un mot jeter au hasard de mes pensées; cela faisait bien longtemps que je n'avais plus eu un songe dont je puisse me rappeler. Miracle du progrès, la science à nouveau gagnait du terrain. Il ne se passait pas une nuit sans que j'ingère une petite pilule qui me plongeait dans un sommeil immédiat. Je n'avais qu'à choisir la durée, c'était réellement pratique et même si ma propre sécurité devenait un problème alors que j'étais enfermé dans cet état, la maison elle-même ou encore ma Shiyo pouvaient aisément prendre le relais. Ma vie était soigneusement calculée, comme du papier à musique, tout était droit, propre et aucune rature n'était autorisée.
Je soupirais un instant encore, avant de me lever. Je retirai mes vêtements, avant de commencer l'entrainement.
Une musique active se déclencha alors, comme si un coach musical avait été encastré dans les murs... J'enfilais rapidement des chaussons qui aideraient mon ascension. J'étais prêt.

Mes muscles pourtant habitués à l'effort se tendaient pourtant péniblement, ils n'étaient pas échauffés et c'était normal. Bien entendu, pour un athlète de haut niveau, c'était une énorme erreur, quelque chose d'idiot, qui ne se faisait pas. Et pourtant, imaginez que j'ai besoin de faire ce quasi exploit au beau milieu de la journée, ou de la nuit, par un excès de témérité ou par obligation ? Je n'aurais pas plus le temps de donner un peu de répit à mon corps car c'était l'esprit qui me guidait. Il me fallait donc être prêt à tout. Là où d'autres Masters n'aspiraient qu'à se laisser aller sans penser aux conséquences, imaginant que leur Shiyo était la bête qui agiraient pour eux, j'essayais d'instaurer une sorte d'équité entre elle et moi. Cela me semblait normal et pourtant, aux yeux de beaucoup, je n'étais qu'un alien.

Surtout aux yeux de cette femme, Elle.

« Owen. »

Je sursautais, cette sal... personne qui aurait pu me donner des cauchemars si j'avais la capacité d'en faire était sur une ligne directe, c'était donc tout naturellement que rien n'ait fonctionné pour me prévenir de quoique ce soit. Merci, filtre de sécurité incapable de reconnaître que ma belle-mère est mon ennemi numéro un. Elle avait encore engagé des personnes pour percer mes sécurités et allait me faire un discours sur le fait que je n'étais pas protégé, j'en avais déjà des nausées.
Je grognais tout en continuant mon ascension, elle avait même coupé la musique... L'escalade avait toujours été ma discipline préférée, alors que l'on me dérange au milieu de mon activité me rendait évidemment encore plus crispé que je ne l'étais déjà, ce qui, au final, était un extrême qu'il valait mieux ne pas atteindre.

« Que voulez-vous ? »

Ma voix était aussi sèche que possible, presque sifflante, dans un mélange d'impatience et de douleur due à l'effort physique de grimper, moral de lui parler.
Mais fort heureusement, ce fut plutôt elle qui se mit à déblatérer ses inepties quasi quotidiennes à présent. Sur ma sécurité, comme je l'attendais, mais aussi sur mon ordre de mission que j'avais ignoré. Cette dernière phrase eut toute mon attention, ce qui me fit manquer une prise et je faillis bien tomber, me rattrapant in-extremis.

« Nous avons reçu des informations pour la lune, tu vas devoir t'y rendre avec ta Shiyo, mes agents enverront le tout sur ton réseau quand il sera sécurisé. »

J'eus du mal à me retenir de lui rétorquer que tout système était faillible, surtout pour des experts de la piraterie, mais je préférais ne pas m'y risquer. Je détestais les dialogues de sourd et je ne tenais pas à en commencer un. Le plus important était le message, "la lune" voulait dire que la mission était cette nuit; "tu" signifiait qu'elle me concernait, donc concernant le gang; "ta Shiyo" signifiait que nous serions seuls; "y" était un endroit connu, surement un repaire des Madness Factory; "mon réseau" incluait le gang et mes alliés les plus proches ou mon système informatique ou encore une référence à mon père -probablement plus mon système ici; "sécurisé" exprimait l'idée que le plan n'était pas sur.
Elle aimait les codes et j'aimais les décortiquer : un de nos seuls points d'entente...

« Je te prierai de veiller à ce que cette erreur ne se reproduise pas, à l'heure qu'il est, tu aurais déjà du effectuer 24% du plan.

- Excusez-moi d'avoir travaillé cette nuit et de m'entrainer, je croyais que c'était là ma priorité ?

- Ne te cherches pas d'excuses puériles. Owen, tu es le futur de cette entreprise que nous menons, si le moindre échec apparaît, je t'en tiendrai pour responsable. Ta Shiyo va être prévenue, tu as treize minutes pour te laver et t'habiller, sois prêt. »

La transmission se coupa, j'étais arrivé sur le plafond, mes muscles ne tinrent pas longtemps et je me laissais tomber sur l'épais matelas, deux mètres cinquante plus bas. Je détestais que l'on me presse, qu'elle me presse. Ma belle-mère était une femme épouvantable qui me menait à la baguette, m'appelant par mon deuxième prénom uniquement parce qu'il avait été choisi par mon père. « James » était ce que ma génitrice, cette esclave, la Shiyo de mon père, avait désiré. J'avais été désiré; par des personnes qui n'étaient plus là.
Je fis redémarrer la musique d'un claquement de mains et ordonna de passer sur les informations de la ville alors que je me hâtais vers la douche. Je n'avais plus beaucoup de temps et il n'y avait rien de plus désagréable sensation de me sentir moins parfait que quelqu'un. Ma Shiyo avait considérablement changé la donne à ce niveau-là. Poupée de cire vivante, alors que ma belle-mère la considérait comme une sous-espèce, je lui vouais presque un culte secret. Elle était née pour être parfaite et j'avais été formaté en ce sens. J'essayais d'en apprendre le plus possible sur elle, chaque jour, mais elle se trouvait souvent muette face à mes approches. A tous les coups, elle connaissait mon histoire et avait peur, ma belle-mère l'avait souvent menacée...
Et dire que le pire dans tout ça, c'est que encore une fois, je n'avais rien demandé...
Je sortis de la douche et le séchoir se mit en route, une belle invention que celle-ci, permettant sans effort - et même avec un peu de plaisir – de gagner du temps sur l'usage de la serviette. J'enfilai mes habits sobres correspondant à une journée banale d'intérieur pour le Master que j'étais : pantalon noir et chemise haute couture. Je n'étais pas aussi parfait qu'elle, je n'en approchais même pas, et pourtant, je gardais le contrôle.

La jeune femme avait plusieurs secondes de retard, dont je profitais pour parfaire ma tenue et boire une giclée d'eau minérale, songeant que je n'avais même pas eu le temps de grignoter quoique ce soit et que je devrais installer un système réfrigérant dans le sous-sol.
Enfin, planté dans l'entrée, attendant l'arrivée de Gabriella, il fallait que mon cerveau se branche sur le mode « travail », la journée risquait d'être longue, mais au moins, elle serait obligée de m'adresser la parole pour m'informer de la situation...